La possibilité que la prochaine génération de voitures électriques puisse voir une diminution de ses prix est étroitement liée à la capacité des batteries à réduire leurs coûts. En effet, les batteries constituent la part la plus significative du prix total d’un véhicule électrique. Des avancées technologiques récentes ont permis l’émergence de batteries offrant une densité énergétique supérieure, ce qui permet aux fabricants de proposer des véhicules électriques équipés de batteries plus compactes et moins coûteuses, tout en maintenant une autonomie satisfaisante.
Néanmoins, le coût des batteries demeure un facteur crucial, et nous observons une diminution significative des prix dans ce secteur d’année en année. Le dernier rapport de BloombergNEF indique que les prix des batteries lithium-ion ont enregistré la plus forte baisse annuelle depuis 2017. Avec un coût moyen de 115 dollars par kWh, un niveau historiquement bas, la réduction observée au cours de l’année passée s’élève à 20 %.
Il est important de souligner que ce prix moyen ne reflète pas nécessairement la réalité des marchés de consommation. En effet, la Chine affiche les prix les plus compétitifs pour les batteries lithium-ion, à 94 $/kWh, en dessous du seuil de 100 $/kWh, considéré comme le point de parité avec les véhicules à moteur à combustion.
Selon Bloomberg, les batteries sont 48 % plus coûteuses en Europe et 31 % plus chères aux États-Unis, ce qui met en lumière “l’immaturité relative de ces marchés, ainsi que des coûts de production plus élevés et des volumes de vente plus faibles”. Le rapport souligne que les écarts de prix entre ces deux régions et la Chine sont plus marqués que par le passé, accentuant ainsi le fossé avec le géant asiatique.
Les éléments à l’origine de la baisse des prix des batteries lithium-ion sont manifestes, mais l’un d’eux se distingue particulièrement : la surcapacité. Ce phénomène est observé à l’échelle mondiale, avec une aggravation notable en Chine. Actuellement, la capacité de production des cellules de batteries atteint 3,1 térawattheures, soit 2,5 fois la demande annuelle prévue pour les batteries lithium-ion d’ici 2024.
Cette situation résulte d’une expansion rapide des capacités de production par les fabricants de batteries, anticipant une demande en forte hausse qui, en réalité, n’a pas été observée, notamment sur le marché des véhicules électriques. Bien que la demande dans ce secteur ait connu une certaine augmentation, celle-ci reste très modérée, tandis que le principal moteur de l’année précédente a été le marché du stockage stationnaire.
La surcapacité mentionnée, les économies d’échelle, le ralentissement des ventes de véhicules électriques, la baisse des prix des matières premières et des métaux, ainsi que l’adoption croissante des batteries au lithium-ferrophosphate (LFP), qui sont moins coûteuses, constituent les principales raisons de cette diminution des prix des batteries. De plus, la concurrence intense en Chine a poussé les producteurs à abaisser leurs prix pour rester compétitifs, ce qui représente un risque considérable pour les petits fabricants en particulier.
La diminution des prix des cellules de batteries cette année a été plus marquée que celle des prix des métaux, ce qui suggère une contraction des marges pour les fabricants de batteries. Les petits producteurs se trouvent particulièrement contraints de réduire le coût des cellules afin d’accroître leur part de marché, souligne Evelina Stoikou, responsable de l’équipe de BloombergNEF dédiée à la technologie des batteries.
Au cours des prochaines années, il est prévu que les prix continuent de diminuer, et que les marchés en dehors de la Chine atteignent la parité des prix tant espérée. Pour le moment, il convient de rester vigilant face à une possible augmentation des coûts des matériaux, en raison des tensions géopolitiques, des droits de douane et des retards dans de nouveaux projets d’extraction minière et de raffinage. Néanmoins, l’émergence de nouvelles technologies de batteries (état solide, anodes en silicium et lithium, nouvelles cathodes), ainsi que de nouveaux procédés de fabrication, devrait contribuer à une baisse des prix, qui pourraient descendre en dessous de 3 $/kWh d’ici 2025.