Le président de l’un des plus grands constructeurs européen est rentré d’un voyage en Chine où il a pu constater de visu le degré d’avancement des constructeurs locaux, qui vendent plus de 50 % de voitures électriques et hybrides rechargeables.
Il y a quelques jours, Jim Farley, le PDG de Ford, est rentré de son dernier voyage en Chine. Il est convaincu de ce que de nombreux médias annoncent depuis des années : la vitesse de développement et la vision des constructeurs chinois. Quelque chose que les groupes traditionnels n’ont pas voulu voir, et qui menace même aujourd’hui leur existence au-delà des frontières du géant asiatique.
Ce que M. Farley a vu en Chine, ce sont des voitures avec une autonomie de 400 ou 500 km, à des prix inférieurs à 15 000 euros. Des voitures dotées de technologies très avancées, bien plus que les voitures occidentales, à des prix défiant toute concurrence. C’est clairement hors de portée et de compréhension des managers traditionalistes.
Le patron de Ford a même emmené plusieurs voitures électriques chinoises à Détroit pour les faire analyser. Des modèles comme la Xiaomi SU7, dont les technologies avancées ont fait sensation. Une véritable Porsche Taycan pour une fraction du prix, avec des systèmes capables de se connecter à la maison pour allumer l’air conditionné ou les lumières à l’arrivée du propriétaire.
Ford est conscient depuis longtemps de la vitesse à laquelle les groupes chinois évoluent. Il a analysé des propositions telles que le leader du marché, BYD, qui l’a surpris par son ingénierie avancée et simple, ainsi que par ses bonnes capacités dynamiques. Il n’y a plus un secteur que les Chinois n’ont pas contrôlé et amélioré.
Risque existentiel pour les constructeurs traditionnels
Jusqu’à présent, Ford et le reste des marques se sont concentrés sur la confrontation, ou du moins l’apparence de confrontation, avec Tesla. Mais même avec la seule entreprise d’Elon Musk, les chiffres ont été très mauvais, avec des pertes économiques constantes et même une réduction de la production de nombreux modèles.
Mais Tesla menace de n’être rien face à la Chine. Les groupes asiatiques se développent en Europe, mais aussi à une vitesse impensable dans d’autres régions moins importantes en termes de publicité, mais qui ajoutent des unités au bilan global : Amérique latine, Afrique, Moyen-Orient, etc.
Des marchés que les groupes chinois attaquent avec leurs propositions à des prix raisonnables, qu’il s’agisse de véhicules à combustion, hybrides ou électriques. Ils ont tout ce dont le client a besoin, à des prix plus compétitifs.
Ils osent même commencer à assiéger le marché nord-américain, avec des usines au Mexique, qui leur donneront accès aux États-Unis et au Canada grâce à l’accord de libre-échange.
Face à cela, le gouvernement américain a décidé de faire l’autruche et d’imposer des droits de douane de 100 % sur les voitures électriques chinoises, ce qui ne fera que creuser l’écart en faveur des Asiatiques, qui pourront continuer à développer leurs produits dans un environnement hautement compétitif, tandis que les Américains s’endormiront peu à peu jusqu’à disparaître.
Opinion : l’Europe, à la remorque des États-Unis
L’Europe avait l’opportunité de faire un pas en avant avec la concurrence des voitures électriques chinoises, ce qui aurait poussé les groupes européens à aller de l’avant ou à mourir. Une motivation incontestable qui leur aurait donné l’occasion de s’emparer d’une part du marché en profitant des derniers vestiges de la valeur de la marque, qui s’efface lentement.
Mais au lieu de cela, ils ont décidé de se suicider avec des tarifs qui non seulement ralentiront l’immense transition énergétique du continent, dangereusement dépendante de l’énergie, mais qui pousseront aussi les constructeurs locaux à freiner leurs projets économiques de voitures électriques, pour étirer un peu plus le chewing-gum des moteurs à combustion, sauver le prochain trimestre, et leurs bonus, le tout au détriment de l’avenir de plus en plus noir de la puissante industrie automobile européenne.
Une industrie dirigée par de vieux géants qui conçoivent des voitures électriques comme des voitures à combustion, sans aucune imagination ni passion, avec des egos nourris par une grande partie de la presse automobile, qui a résisté au changement en minimisant ou en ridiculisant la voiture électrique, déroulant ainsi le tapis rouge aux groupes chinois.
Un groupe qui continue à jouer pendant que le bateau coule, avec des bureaucrates à Bruxelles qui ne font qu’élargir la fuite, et qui préparent les plans de sauvetage plus que possibles pour les groupes européens, et ce, aux sous des contribuables