La dépendance de l’Europe à l’égard des batteries fabriquées en Chine, notamment par BYD et CATL, pourrait être réduite grâce à un nouvel accord sur l’extraction du lithium en Chine, même si cette initiative n’est pas sans susciter des controverses.
Que l’Union européenne dépende de batteries pour voitures électriques produites en Chine est un fait. Si Bruxelles veut atteindre ses objectifs de décarbonisation dans les délais impartis, elle doit s’approvisionner en Chine, où sont produits la plupart de ces composants dans le monde. Aujourd’hui, un nouvel accord vise à réduire cette dépendance.
Il s’agit d’une négociation entre l’Union européenne et la Serbie, un premier pas vers la reprise de la stratégie d’extraction du lithium sur le territoire du pays d’Europe de l’Est, un projet qui avait été annulé en 2021 en raison des plaintes de l’opposition et des groupes de défense de l’environnement.
L’Europe veut équilibrer le secteur des voitures électriques
Vendredi dernier, les deux parties ont signé un protocole d’accord pour reprendre la manœuvre, ce que le chancelier allemand Olaf Scholz a assuré qu’il s’agissait d’un «projet européen important» et qu’il était nécessaire pour l’Europe «d’être souveraine dans un monde en mutation», en référence à l’acquisition de matières premières, afin de ne pas être dépendante d’autres territoires, comme c’est le cas pour le lithium et les batteries chinoises.
En effet, BYD et CATL représentaient 79 % de la fabrication des batteries lithium-ion pour les véhicules électriques et hybrides rechargeables en 2021 et, selon les prévisions actuelles, la Chine détiendra en 2025 environ 65 % de la production de ces composants.
Cela signifie qu’il y a trop de dépendance, ce qui permet au gouvernement chinois de contrôler à sa guise un secteur aussi important que celui des voitures électriques. Le partenariat stratégique entre la Serbie et l’Europe pourrait réduire considérablement cette situation.
Malgré les controverses passées, M. Scholz a assuré que le projet serait développé “dans le respect de l’environnement” et qu’il créerait de “l’activité économique“. Le projet était initialement prévu pour un coût de 2,4 milliards de dollars, avec la multinationale anglo-australienne Rio Tinto, qui étudie la zone dans la région de Jadar en Serbie depuis 2004. Selon les experts, il pourrait s’agir du plus grand gisement de lithium d’Europe.
La Serbie exige de grandes manœuvres «en retour»
Le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré dans son discours que le projet d’exploitation du lithium sur son territoire se poursuivrait tant que les fabricants allemands et européens de batteries et de voitures électriques construiraient des usines en Serbie. En d’autres termes, il ne veut pas que toute la matière première soit exportée sans que son pays en bénéficie.
En outre, ce rapprochement constitue une nouvelle étape dans la tentative de M. Vucic de faire adhérer la Serbie à l’Union européenne, un processus historiquement compliqué par ses relations politiques et économiques étroites avec la Russie et la Chine.